3 juin 2010 à 15:15
Par Monique Crépault
Phoebe Prince, 15 ans, s’est suicidée en janvier dernier après avoir été la victime de cyber-harcèlement et de violence à l’école. Aujourd’hui quatre des neuf adolescents accusés font eux-mêmes les frais d’une campagne de harcèlement en ligne.L’histoire s’est passée à South Adley, une petite ville de 17 000 habitants, située à 150 km à l’ouest de Boston. Le 14 janvier dernier, Phoebe Prince, une adolescente arrivée d’Irlande à la rentrée 2009, était retrouvée pendue dans la cage d’escalier du domicile familial par sa sœur de 12 ans qui revenait de l’école. Un peu plus tard, quelqu’un écrivait Accomplished (terminé) sur sa page Facebook…
Née en Angleterre de mère américaine et de père britannique, mais élevée en Irlande dès l’âge de deux ans, Phoebe Prince était arrivée aux États-Unis à l’automne 2009. La famille, qui comptait quatre autres enfants, avait choisi de s’établir à South Adley tout simplement parce qu’y vivait déjà la tante de Phoebe.
Dès son arrivée à l’école secondaire de la petite ville américaine, Prince a été harcelée par deux groupes d’étudiantes parce qu’elle avait eu une très courte relation avec un étudiant plus âgé et champion de l’équipe de football puis avec un autre garçon. Pourquoi ces courtes relations ont-elles fait naître autant de rancœur et de désir de vengeance, l’histoire ne le dit pas encore, mais le résultat est là : neuf adolescents, âgés de 16, 17 et 18 ans, ont été accusés de détournement de mineur, de violations des droits de la personne, de filature et de harcèlement criminel suite au suicide de la jeune fille.
La police avait à faire face à un problème de taille lors de la mise en accusation : aucune loi du Massachusetts ne régissait alors le harcèlement, fut-il en ligne ou pas. Mais en se servant des accusations de violation des droits de la personne et de filature, la police a pu utiliser des lois déjà existantes plutôt que d’attendre que les gouvernements légifèrent. Ce qui d’ailleurs fut fait peu après, puisque suite à cette histoire (dont c’est sûrement le seul aspect positif) le Massachusetts a décidé, le 3 mai dernier, de voter une loi anti-harcèlement.
En attendant que les autorités locales décident si ces professeurs et administrateurs sont coupables de négligence dans le cas de Phoebe, certains internautes outragés ont décidé de prendre la vengeance en main en créant de faux sites web portant les noms de quatre des adolescents accusés. Des commentaires vulgaires, souvent pornographiques et bien sûr, toujours anonymes, insultent et menacent les ados, ce qui ne rassure aucunement ni la police ni les habitants de South Adley, qui ont peur que ces ados, malgré le tort qu’ils ont fait, finissent par suivre le même chemin que Phoebe.
Le directeur de l’école la disait intelligente et charmante. Un garçon, qu’elle devait voir le soir même, venait de l’inviter au bal d’hiver de l’école, qui avait lieu deux jours plus tard. Certaines des adolescentes qui ont par la suite été accusées de harcèlement menant au suicide de Phoebe ont malgré tout assisté à ce bal, comme si de rien n’était, prétendant même que la jeune fille avait bien cherché ce qui lui était arrivé…
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