dimanche 3 avril 2011

Les dérapages d’une gamine sur le web

4 août 2010 à 17:42
Elle a onze ans et a réussi à s’attirer la haine des internautes et l’attention de la chaîne américaine ABC.


Jessi Leonhardt, 11 ans, mieux connue sous le web sous le pseudo Jessi Slaughter…

Jessi Leonhardt est une gamine de 11 ans qui veut devenir une Star du net et qui, pour y arriver, s’amuse à faire des vidéos dans lesquelles elle parle de sexe, fait la moue, montre des parties de son corps et joue à la provocatrice, à l’instar de toutes les Britney Spears de ce monde obsédées par le succès et la gloire instantanées. Ses vidéos, elle les publie sur Stickydrama.com*, un site pour ados avides de ragots sur les stars du net.
Le 10 juillet dernier, un internaute a placé un commentaire sur Stickydrama, évoquant une rumeur voulant que Dahvie Vanity, 25 ans, le chanteur d’un groupe appelé Blood on the Dancefloor, ait couché avec la petite Jessi. Pour prouver ses dires, l’internaute publie une photo où l’on voit la fillette aux côtés du chanteur.

La photo de Vanity et de Jessi publiée sur Stickydrama.

Jessi est du genre plutôt crâneuse et prétentieuse (son pseudo, Slaughter, signifie massacre en français). Au lieu de tout simplement nier la rumeur, elle répond de façon très agressive et envoie promener l’internaute et avec lui tous les lecteurs de Stickydrama, attitude qui lui vaut plusieurs réponses méchantes desdits lecteurs. Le 13 juillet, la fillette décide de leur répondre avec une vidéo dans laquelle elle affirme qu’elle est parfaite, que personne n’est aussi jolie qu’elle sans maquillage, et que s’ils (les internautes) la détestent, c’est parce qu’ils sont jaloux. Elle continue en les menaçant que s’ils n’arrêtent pas de la détester, elle leur fera péter la cervelle. Onze ans seulement qu’elle a la petite chérie.
En très peu de temps, la vidéo se retrouve sur 4chan et plus particulièrement sur le salon/b/, un site où foisonnent allégrement contenus pornos et blagues de mauvais goût. 4chan est aussi un site dévoué à l’anonymat et au lynchage sur le web et tous ces internautes anonymes en profitent pour se déchaîner sur la vidéo de Jessi. Quelques heures à peine après la publication de la vidéo, le vrai nom de Jessi, ses coordonnées de ses comptes Facebook, son adresse courriel, son numéro de téléphone et même son adresse sont connus de tous. Faut dire que la fillette avait le même pseudo pour chacun de ses comptes, qu’elle acceptait n’importe quel imbécile dans ses amis (même un certain « Pedobear »…) et que ses adresses courriel et postale y étaient même indiquées… Éducation avez-vous dit ?
Ce fut le début d’un harcèlement d’une ampleur inimaginable. Des petits rigolos ont commencé à appeler ses parents en se faisant passer pour la police, d’autres ont affirmé aux flics que Jessi hébergeaient des prostituées, d’autres encore ont fait livrer d’innombrables pizzas, ont fait courir la rumeur qu’on pouvait trouver des photos pornos de Jessi sur le net pendant que d’autres envoyaient des menaces de mort aux parents ou encore annonçaient que la fillette s’était suicidée.

Jessi Slaughter, en pleurs, telle qu'elle apparaît dans sa deuxième vidéo.

Jessi contre-attaque à nouveau, toujours à l’aide d’une vidéo, mais aussi de son papa. Pendant que la gamine, en pleurs, explique qu’elle est bouleversée et qu’elle pète les plombs, son papa, furieux, hurle qu’il a contacté la cyberpolice, qu’il sait qui ils sont, ces méchants internautes qui harcèlent sa fille, bref, il n’en manque pas une : ses fautes de grammaire et sa méconnaissance manifeste du web font rigoler plutôt que paniquer les internautes et cette deuxième vidéo devient rapidement virale, à tel point que l’émission américaine matinale Good Morning America de la chaîne ABC fait une entrevue avec la jeune Jessi et sa famille. Une entrevue qui donne l’impression que la jeune fille n’est absolument pas responsable de son malheur et qu’elle n’est qu’une pauvre victime de cyberharcèlement. La justice s’empare de l’affaire : la fillette est mise sous observation psychiatrique et interdite de connexion pendant une semaine.





En fait, plus on creuse cette histoire, plus elle apparaît aussi glauque qu’affligeante. Les parents de la petite fille ne semblent pas des plus futés : la mère ne savait même pas que sa fille faisait des vidéos et on peut sans crainte affirmer que l’éducation de Jessi en matière d’utilisation d’Internet laissait grandement à désirer. Tous les personnages sont louches et vagues. En septembre 2009, le chantgeur Dahvie Vanity, de son vrai nom David Torres, avait déjà été accusé d’avoir couché avec une fille de 16 ans et de détournement de mineure par les parents de l’ado. La famille Leonhardt le connaissait. Dianne Leonhardt, la mère de Jessi, a déclaré que sa fille recevait des appels du chanteur et qu’ils étaient amis. Une « amitié » qui n’a pas empêché Jessi de déclarer dans une salle de clavardage, le 23 juillet dernier, alors qu’elle était encore sous interdiction judiciaire d’utiliser Internet, qu’il l’aurait violée le 4 juin dernier, qu’elle aurait tout raconté à la police, mais que la police ne l’aurait pas crue. Qui dit vrai ? Qui dit faux ?




Des personnages douteux il y en a d’autres : Christopher Stone, 31 ans, le fondateur de Stickydrama, possède un autre site, Sticky-noodz, consacré lui aussi aux stars du net, mais nues. Le 26 février 2009, un utilisateur de Stick-noodz s’est filmé en train de violer sa petite amie. Stone a retiré la vidéo, mais non sans avoir auparavant pris quelques captures d’écran qu’il a postées sur Stickydrama, et ce, sans jamais alerter la police sur le viol. Ô ironie : en juillet dernier, Christopher Stone est apparu dans un reportage de la Fox dans lequel il mettait les jeunes en garde contre les dangers de la « sextorsion », ou l’art de faire chanter une personne en la menaçant de publier en ligne des photos d’elle, nue.

Christopher Stone, 31 ans, le fondateur de Stickydrama lors de son entrevue avec la chaîne Fox.

« Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! » disait Léon Zitrone, le célèbre journaliste français. Si c’est aussi la devise adoptée par Jessi Leonhardt pour se faire remarquer et devenir une star du net, c’est réussi. Mais que cette gloire d’une fillette de onze ans soit basée sur des faits aussi sordides que du harcèlement, des viols ou des lynchages en ligne en dit long sur l’état des bas-fonds de l’être humain.

Source : http://www.synchro-blogue.com/synchro/2010/08/les-derapages-d%e2%80%99une-gamine-sur-le-web.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire